SEM. ABOULKADER KAMIL MOHAMED
– FORUM AFRICAIN SUR LE RENFORCEMENT DE LA CHAINE D’APPROVISIONNEMENT DES PRODUITS DE SANTE
(FARCAPS 2025)-
19 Novembre 2025 – DJIBOUTI PALACE KEMPINSKI – DJIBOUTI –

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
Monsieur le Ministre de la Santé
Mesdames et Messieurs les Députés,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Centrales d’Achat
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs
Mesdames et Messieurs les représentants du Système des Nations Unies
distingués invités, tout protocole observé,
ASSALAMOU ALEIKOUM ET BIENVENUE A TOUS A DJIBOUTI
Je suis profondément honoré de me tenir devant vous aujourd’hui, pour ce forum Africain à l’aube de ce qui pourrait être le chapitre le plus transformateur de la santé publique en Afrique. Un tournant décisif dans notre quête collective d’autonomie sanitaire. À l’entame de mon allocution je voudrais tout d’abord souhaiter la bienvenue à nos frères et soeurs africains venus assister à cet évènement. Vous êtes chez vous ici , terre d’échange et de rencontre.
Ce forum se tient à son heure et résonne avec une urgence particulière dans le contexte actuel. Les crises sanitaires récentes, notamment la pandémie de COVID-19, les épidémies récentes de MPOX et Ebola ont révélé au grand jour la vulnérabilité critique de nos systèmes d’approvisionnement en produits de santé.
Nous avons vu à quel point nos pays étaient dépendants de chaînes d’approvisionnement mondiales fragiles ;à quel point notre continent était soumis aux caprices des marchés internationaux et parfois même reléguée au dernier rang des priorités lorsqu’il s’agissait d’accéder aux vaccins, aux médicaments essentiels et autres produits de santé.
Cette situation inacceptable nous a imposé une vérité fondamentale : il ne peut y avoir de souveraineté politique sans souveraineté sanitaire.
Investir massivement dans nos chaînes d’approvisionnement n’est donc pas un luxe, mais une nécessité vitale pour garantir la sécurité de nos nations et la santé de nos citoyens.
Le constat, nous le connaissons tous. Notre continent, qui abrite près de 17% de la population mondiale, supporte plus de 23% de la charge mondiale de morbidité. Pourtant, il ne produit actuellement que 2% des médicaments qu’il consomme et représente moins de 3% du marché pharmaceutique global. Cette dissonance est au cœur de notre défi. Une ère de la résilience pharmaceutique africaine doit s’amorcer.
Ces chiffres illustrent clairement notre dépendance excessive vis-à-vis de l’extérieur et notre vulnérabilité face aux chocs d’approvisionnement. Il est donc urgent d’inverser cette tendance en développant une industrie pharmaceutique africaine robuste et compétitive qui répond aux besoins fondamentaux du continent et notamment qui mettent un focus particulier sur les maladies négligées par les géants pharmaceutiques mondiaux, telles que la tuberculose et le paludisme .
Mesdames et Messieurs,
L’avenir réside donc dans la production locale. Nous devons investir dans cette dernière et pas seulement dans le conditionnement final. Cela signifie investir dans la formation de nos pharmaciens, biologistes, ingénieurs, de nos techniciens, et dans la création de pôles pharmaceutiques régionaux. La Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) est une opportunité historique pour créer un marché intégré de 1,3 milliard de personnes, rendant la production africaine économiquement viable et compétitive afin de créer un accès fiable et continu aux produits de santé de qualité. C’est un impératif de dignité, de sécurité nationale et de développement économique.
Mesdames et Messieurs,
Les centrales d’achats, représentées ici par l’ACAME, jouent un rôle clé, elles s’évertuent d’être au cœur de cette transformation et sont les fers de lance de notre marche vers l’autonomie de notre continent. Sans vous, nos stratégies régionales seraient incomplètes.
J’appelle donc à une transformation profonde de ces institutions pour en faire des organisations modernes, performantes et résilientes, d’où le renforcement de leurs capacités de planification et de prévision, de systèmes d’information plus robustes pour la gestion des stocks. Bien évidemment, la transformation de ces chaines d’approvisionnement impose plus d’investissement. Sans cela, notre autonomie resta un vœu pieux.
Mesdames et Messieurs,
Djibouti, qui a fait de sa position géographique stratégique un atout pour devenir un hub logistique régional, réaffirme son engagement à contribuer activement au renforcement des chaînes d’approvisionnement en produits de santé pour l’ensemble de notre continent.
Certes, la volonté politique africaine existe, mais nos efforts resteront vains sans un engagement collectif, sans une action coordonnée et sans investissements massifs. Avec l’engagement et le soutien ferme de l’Union Africaine couplé de votre plan de travail commun avec l’Agence Africaine du Médicament, je reste intimement persuadé avec optimisme de la mise en route de notre vision continentale vers notre autonomie, notre indépendance pharmaceutique et souveraineté sanitaire.
Je quitterai cette tribune avec une conviction : l’Afrique ne sera plus seulement le continent de l’avenir. Elle sera le continent de la santé de l’avenir. Une Afrique qui soigne ses enfants avec ses propres produits, avec son immense pharmacopée traditionnelle , son propre génie et sa propre détermination.
Je vous remercie de votre aimable attention